Le pays de Caux a gardé en mémoire un très grand nombre de chansons traditionnelles. Parmi elles, on constate une forte présence de chansons en laisse, c’est-à-dire les chansons avec une structure de réponse, liée à la pratique des danses en ronde qui se sont particulièrement bien maintenues en pays de Caux. Autre genre bien représenté : les complaintes et autres grandes chansons, tels que les départs en mer ou retours de guerre.
Les chansons liées au calendrier social se sont elles aussi bien conservées. Au début de l’année jusqu’à Pâques, les enfants des familles pauvres ou modestes, allaient quêter en chantant, selon les secteurs :
- les aguignettes dans tout le pays de Caux central et oriental et dans la partie occidentale ou elles sont appelées farces
- La Part à Dieu au Havre et dans son arrière-pays
- et, dans quelque secteurs, des chants de quête de Pâques (plus fréquents dans les régions voisines du pays de Caux)
- Scène de retour de moisson à Luneray (76). Carte postale ancienne.
Autre grand moment de chant lié au calendrier, le temps de la moisson, en particulier la fin de moisson, appelée caudé dans le pays de Caux occidental et parseille dans le pays de Caux oriental. Les aoûteux, ouvriers embauchés pour l’occasion, accompagnaient la dernière charrette de gerbes jusqu’à la ferme avec des chansons de pleine voix, entonnées à l’unisson. Elles ont en commun un rythme lent, des notes tenues pour les faire résonner au mieux afin que le chant soit entendu au loin...
- Je me suis levée hier au matin - Chanté par un ancien ouvrier agricole d’Ocqueville (76)
Dans le monde maritime également, le chant a conservé longtemps une place de choix dans des contextes de travail qui n’étaient pas mécanisés : chants de manoeuvre sur les voiliers, chansons qui accompagnaient le travail du poisson, à bord comme au port dans les boucanes (ateliers de fumage du poisson), chant dans les ateliers de chalut.
D’une façon générale, quel que soit le type de chansons, le tempo reste mesuré, y compris pour les chansons de ronde (plus lent que celui de beaucoup de rondes recueillies en Bretagne, par exemple) ce qui n’empêche par une réelle intensité dans leur énoncé.
- A Eletot, y’a une danse - chanté par Edouard Cuvier, d’Eletot (76)
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