Les Rois
En Cotentin comme en Pays de Caux, les Rois étaient une fête particulièrement suivie dans la mesure où elle donnait lieu aux seuls jours de congés accordés dans l’année aux ouvriers agricoles dans les fermes. En Cotentin, les congés des ouvriers s’échelonnaient entre le dimanche qui suit la fête des rois ("les Grands rois"), et le dimanche suivant, ("les Petits rois").
Dans la plaine côtière du Val-de-Saire, on dressait aux Rois des feux pour fêter les « Coulaines vaulo », dans nombre de lieux-dits, avec jusqu’à cinquante ou cent personnes autour. Les enfants avec des coulines (torches) de paille courent ensuite dans les clos en chantant des formules telles que : Coulaine vaulo
Rats et mulots Sortez de d’dans mon quios Ou j’vous mets l’feu sur le dos, puis on allumait les feux (de fagots, mais aussi de planches ou barriques de goudron à Saint-Vaast et Barfleur...). À Montfarville, ces feux ont duré jusqu’au milieu des années 1950. C’était une occasion de rencontres pour les jeunes, de boire des "moques" des cidre... et de faire un bon repas ensuite.
Le Mardi gras
C’est principalement sur la côte ouest et dans le Val-de-Saire que l’on fêtait carnaval. Les enfants et les jeunes, déguisés et masqués, faisaient le tour des maisons et les habitants se devaient de les reconnaître. On leur donnait ensuite des bonbons, des sucreries, des oeufs ou des crêpes. Par endroit, on promenait au son des ustensiles (bidons ou autres) Mardi Gras (appelé parfois "bonhomme bouen chu"), on le brûlait et, par endroits, on dansait en rond autour en chantant Mardi est gras est mort . À Quettetot, on sonnait de la conque qui se faisait entendre jusqu’à Saint-Germain-le-Gaillard, à 7 ou 8 kilomètres de là, d’où d’autres sonneurs répondaient de la même manière. À Benoîtville, à l’issue du feu, des adultes masqués parcouraient à leur tour les maisons pour s’y faire reconnaître, moyennant la tournée du patron.
Le temps de Pâques
Dans une bonne partie du Cotentin, on chantait la Résurrection du Christ dans la nuit du samedi au dimanche de Pâques. Cette pratique s’est souvent arrêtée avant guerre, mais elle a été vivace jusqu’à la sortie de la guerre dans la Hague et la région des Pieux, voire plus tard localement ( Colomby).
Cette quête se faisait de nuit, après l’office du soir. et pouvait durer jusque vers 5 heures du matin. Elle était principalement le fait de gens modestes ou de jeunes entre 15 et 25 ans, qui, en échange de cette chanson, recevaient des oeufs, une pièce ou un morceau de viande, se voyait offrir à boire...
Un exemple de chanson et témoignage sur la base du Patrimoine Oral de Normandie :
Les feux du début de l’été
Ils ont sans doute à voir, dans leur origine ancienne, avec le solstice d’été, mais ne se faisaient pas seulement à la Saint-Jean : existe également en Cotentin une diversité de feux, tels le feu Saint-Cyr (le 16 juin) à Saint-Cyr-Bocage ou le Raillet, à la Saint-Nazaire (10 juin), qui se faisait anciennement sur les communes de Saint-Germain-des-Vaux et Auderville. Beaucoup de feux se sont arrêtés au moment de la guerre. Certains ont été réactivés, voire inventés, sous couvert du patronage ou de mouvements de jeunesse tels que la JAC (Jeunesse Agricole Catholique) ou, plus récemment, à l’initiative de comités de fêtes.
Pour alimenter le feu, on usait de fagots, bûches, mais parfois aussi d’autres combustibles :à Saint-Vaast-la-Hougue, par exemple, on allait chercher des pneus usagés chez les garagistes pour nourrir le feu, installé sur la cale du Perrey. D’autres pratiques nous sont accessibles par l’observation qu’en ont fait les auteurs anciens. Jean Fleury décrit, pour la région de Cherbourg, la disposition de couronnes de fleurs suspendues au dessus des rues, sous lesquelles on dansait en rond à la Saint-Jean (parfois - mais pas toujours - autour d’un feu).
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