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La musique instrumentale

vendredi 22 avril 2011

La musique instrumentale

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Accordéon diatonique - Polka piquée double par Marcel Pouriel, de Heussé (50)
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Albert Leclerc, de Villechien (50)

Un fait marquant ressort clairement des enquêtes de terrain en Mortainais : l’importance de la pratique instrumentale et de la danse. Encore aujourd’hui, il y a une très forte densité de musiciens routiniers, principalement joueurs d’accordéon diatonique, qui traduit un enracinement profond et ancien de cette vie musicale sur le territoire. Alors que le mouvement orphéonique a peu pris en dehors des chefs-lieux de canton (au travers des harmonies, fanfares ou cliques), la pratique routinière s’avère très présente jusque dans les plus petites communes du Mortainais. Divers témoignages attestent de cette envie de jouer qui oblige parfois à recourir au système D : pour démarrer l’apprentissage de la musique ou pour faire danser, en l’absence d’instruments de musique "conventionnels", il n’était pas rare de jouer avec un peigne, une feuille de papier à cigarette glissé entre les dents, et dans lequel on soufflait, sorte de mirliton des campagnes !

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Violon fabriqué par Victor Auvray, de Saint-Clément-Rancoudray (50)
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Groupe à Saint-Michel-de-Montjoie, dont beaucoup d’ouvriers granitiers Bretons ou Italiens, avec un "orchestre" d’instruments divers... Coll. part.

La vielle à roue s’est effacée totalement des mémoires actuelles. Joseph Lhermelin, dans son ouvrage Voyage historique et descriptif sur les confins des départements de la Manche, d’Ille-et-Vilaine et de la Mayenne, contenant des documents inédits sur ces contrées , paru en 1837, la mentionne à l’occasion d’une noce dans le Mortainais en indiquant qu’elle donne le signal de la danse, après le repas, mais c’est la seule indication que nous connaissions pour notre territoire.

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Violon - Mazurka , par M. Martin, des Loges-Marchis (50)
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Violon et chant - La Boulangère, par Isidore Turquetil, de La Mancellière (50)

Le violon a eu une postérité beaucoup plus grande puisqu’on le retrouve pour l’animation de nombre de noces jusqu’à la fin des années 1940. Plusieurs violoneux ont encore été enregistrés au cours des enquêtes réalisées ces trente dernières années. Pour la plupart très âgés à l’occasion de ces collectes, ils n’avaient plus la dynamique et la précision de jeu de leurs 20 ans mais ils témoignent d’un beau patrimoine musical. Certains secteurs du Mortainais paraissent avoir gardé longtemps cet usage du violon au cœur des divertissements, là où de plus en plus il était concurrencé par l’accordéon. Ainsi des communes situées autour de Mortain et Sourdeval : encore après la deuxième guerre mondiale c’est le violon que l’on sollicite régulièrement pour l’animation des noces. Cela tient à la réputation de certains musiciens (comme Albert Turquetil à Sourdeval ou Léon Lair à Saint-Clément) ainsi qu’à un enracinement de cette pratique instrumentale.

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Albert Turquetil, de Sourdeval (50), jouant à la noce de Léon Lair, autre violoneux, à Saint-Clément (50) vers 1930. Coll. part.
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Noce dans le secteur de Brécey (50) avant 1914. Au violon à gauche, Jean "Delariole", des Cresnays (50).Coll. part.

Mais l’accordéon, apparu dans la deuxième moitié du XIXe siècle, empiète progressivement sur le terrain du violon. Déjà bien implanté sur les franges sud du Mortainais avant 1914, il s’impose très vite comme l’instrument incontournable pour l’accompagnement de la danse ou des chansons. Une figure marquante comme Isidore Turquetil (1910-2008), de La Mancellière, a par exemple débuté son apprentissage à l’accordéon diatonique, en 1925, alors que sa jeunesse avait été surtout rythmée par les violoneux de son secteur (il se mettra lui-même au violon durant sa captivité en Autriche). Dès 1930 il passe à l’accordéon chromatique avec lequel il anime toutes les noces de la région, d’abord en solo avant la guerre, puis en duo avec Clément Bouteloup, de 1945 à 1959, et enfin en orchestre avec sa propre formation, le Turquetil Jazz band, de 1959 à 1990. L’accordéon diatonique reste malgré tout le plus répandu dans toute la période de l’après-guerre. Sur le nombre de musiciens rencontrés, au cours des enquêtes récentes, peu finalement ont réellement animé de noces. La plupart d’entre eux ont joué en de petites occasions : corvées de mécaniques, fêtes de conscrits, fricots de cochon, fêtes familiales...

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Accordéon et jâze - polka piquée, par M. Cheval, de Montgothier (50)
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Isidore Turquetil à l’accordéon diatonique et au jâze en 2003
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Noce avec Emile Dubourg, de Saint-Pois (50), à l’accordéon, et un joueur d’accordéon et jâze non identifié. Coll. part.
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Louis Leroy, de La-Chaise-Baudouin (50), à l’accordéon chromatique. Coll. part.

Le Mortainais ?

La chanson traditionnelle

La danse traditionnelle

Une fête à part : les conscrits